Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 3.djvu/72

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« Et quand reviendra-t-il ? Quand reviendra-t-il ici ?

— Jamais…, répondit la source.

— Mort ! Il est mort !

— Non…

— Où le reverrai-je ?

— … »

La source ne parlait plus. Le glissement léger du ruisseau était redevenu monotone. Aucune apparence divine ne vivait dans l’eau très pure.

Byblis se releva, courut. Elle connaissait le sentier par où Caunos était parti avec sa mère. C’était un passage étroit qui tournait d’arbre en arbre en s’enfonçant dans la forêt. Elle ne le prenait pas souvent, car il traversait un bas-fond qui était infesté de serpents et de bêtes méchantes. Cette fois, son désir fut plus fort que sa crainte et elle marcha en tremblant, de toute la vitesse de ses petits pieds nus.

La nuit n’était pas obscure ; mais les ombres de la lune sont noires, et, derrière les arbres trop larges, Byblis n’avançait qu’à tâtons.

Elle parvint à un endroit où le sentier se séparait en deux. Quel chemin choisir et comment savoir ? genoux elle chercha longtemps si une trace pouvait la guider. La terre était sèche. Byblis ne vit rien. Mais comme elle levait la tête, elle aperçut, cachée dans le feuillage d’un chêne, une hamadryade aux seins verts qui la regardait en souriant.