Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taille et admirablement stylées, étaient pour elle un tel sujet de fierté qu’elle ne sortait pas sans les avoir à sa suite, au risque de laisser sa maison vide. C’était à cette imprudence que Démétrios avait dû d’entrer si aisément chez elle ; mais elle ignorait encore son malheur quand elle donna le festin où Chrysis était invitée.


Ce soir-là, Chrysis arriva la première.

Elle était vêtue d’une robe verte brochée d’énormes branches de roses qui venaient s’épanouir sur ses seins.

Arêtias lui ouvrit la porte sans qu’elle eût besoin de frapper, et, suivant la coutume grecque, elle la conduisit dans une petite pièce à l’écart, lui défit ses chaussures rouges et lava doucement ses pieds nus. Puis, en soulevant la robe ou l’écartant, selon l’endroit, elle la parfuma partout où il était nécessaire ; car on évitait aux convives toutes les peines, même celle de faire leur toilette avant de se rendre à dîner. Ensuite elle lui présenta un peigne et des épingles pour corriger sa coiffure, ainsi que des fards gras et secs pour ses lèvres et ses joues.

Quand Chrysis fut enfin prête :

« Quelles sont les ombres ? » dit-elle à l’esclave.

On appelait ainsi tous les convives, sauf un seul qui était l’Invité. Celui-ci en l’honneur de qui le repas était donné, amenait avec lui qui lui plai-