Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/213

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s’accrut, s’imposa, la rendit folle : Démétrios, lui qui avait tant fait déjà, pourquoi ne tuerait-il pas la reine, lui qui pouvait être le roi ?

Et alors…


Et alors, cet océan monumental de maisons, de palais, de temples, de portiques, de colonnades, qui flottait devant ses yeux depuis la Nécropole de l’Ouest jusqu’aux jardins de la Déesse : Brouchion, la ville hellénique, éclatante et régulière ; Rhacotis, la ville égyptienne devant laquelle se dressait comme une montagne acropolite le Paneion couvert de clarté ; le Grand-Temple de Sérapis, dont la façade était cornue de deux longs obélisques roses ; le Grand-Temple de l’Aphrodite environné par les murmures de trois cent mille palmiers et des flots innombrables ; le Temple de Perséphone et le Temple d’Arsinoé, les deux sanctuaires de Poseidon, les trois tours d’Isis Pharis, les sept colonnes d’Isis Lochias et le Théâtre et l’Hippodrome et le Stade où avaient couru Psittacos contre Nicosthène, et le tombeau de Stratonice et le tombeau du dieu Alexandre, — Alexandrie ! Alexandrie ! la mer, les hommes, le colossal Phare de marbre dont le miroir sauvait les hommes de la mer ; Alexandrie ! la ville de Bérénice et des onze rois Ptolémées, le Physcon, le Philométor, l’Epiphane, le Philadelphe ; Alexandrie, l’aboutissement de tous les rêves, la cou-