Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/212

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tiles et qu’elle prit en haine subite. Si elle épargna les autres, ce ne fut pas qu’elle y tînt davantage, mais elle appréhendait de dégarnir sa chambre au cas où Démétrios eût formé le projet d’y passer la nuit.

Elle se déshabilla lentement. Les vestiges de l’orgie tombaient de sa tunique : miettes de gâteaux, cheveux, feuilles de roses.

Elle assouplit avec la main sa taille desserrée de la ceinture et plongea les doigts dans ses cheveux pour en alléger l’épaisseur. Mais avant de se mettre au lit, il lui prit une envie de se reposer un instant sur les tapis de la terrasse, où la fraîcheur de l’air était si délicieuse.

Elle monta.


Le soleil était levé depuis quelques instants à peine. Il reposait sur l’horizon comme une vaste orange élargie.

Un grand palmier au tronc courbe laissait retomber par-dessus la bordure son massif de feuilles vertes, Chrysis y réfugia sa nudité chatouilleuse et frissonna, les seins dans les mains.


Ses yeux erraient sur la ville qui blanchissait peu à peu. Les vapeurs violettes de l’aube s’élevaient des rues silencieuses et s’évanouissaient dans l’air lucide.

Tout à coup, une idée jaillit dans son esprit,