Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/251

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vilaine fille. Mais le miroir ? Qui est-ce qui l’a pris ?

— Justement ! quand on m’a remise sur mes pieds j’avais le sang à la tête et du vin jusqu’aux oreilles. Ha ! ha ! ils se sont tous mis à rire… Bacchis a envoyé chercher le miroir… Ha ! ha ! il n’y était plus. Quelqu’un l’avait pris.

— Qui ? on te demande qui ?

— Ce n’est pas moi, voilà ce que je sais. On ne pouvait pas me fouiller : j’étais toute nue. Je ne cacherais pas un miroir comme une drachme sous ma paupière. Ce n’est pas moi, voilà ce que je sais. Elle a mis une esclave en croix, c’est peut-être à cause de cela… Quand j’ai vu qu’on ne me regardait plus, j’ai ramassé les pièces de Danaë. Tiens, Myrto, j’en ai cinq, tu achèteras des robes pour nous trois. »


Le bruit du vol s’était répandu peu à peu sur toute la place. Les courtisanes ne cachaient pas leur satisfaction envieuse. Une curiosité bruyante animait les groupes en mouvement.

« C’est une femme, disait Philotis, c’est une femme qui a fait ce coup-là.

— Oui, le miroir était bien caché. Un voleur aurait pu tout emporter dans la chambre et tout bouleverser sans trouver la pierre.

— Bacchis avait des ennemies, ses anciennes amies surtout. Celles-là savaient tous ses secrets.