Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/261

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pour toi, consiste exclusivement dans ce grossier frisson physique que tu provoques si bien, m’as-tu dit, mais que tu n’as pas le pouvoir de diversifier, puisqu’il est sensiblement le même auprès de toutes les femmes qui se donnent ? Non, c’est toi-même que tu diminues en prenant cette allure inconvenante. Tu ne me parais pas bien connaître toutes les félicités qui naissent de tes pas. Ce qui fait que les maîtresses diffèrent, c’est qu’elles ont chacune des façons personnelles de préparer et de conclure un événement en somme aussi monotone qu’il est nécessaire, et dont la recherche ne vaudrait pas, si l’on n’avait que lui en perspective, toute la peine que nous prenons pour trouver une maîtresse parfaite. En cette préparation et en cette conclusion, parmi toutes les femmes, tu excelles. Du moins, j’ai eu plaisir à me le figurer, et peut-être m’accorderas-tu qu’après avoir rêvé l’Aphrodite du Temple, mon imagination n’a pas eu grand’peine à se représenter la femme que tu es ? Encore une fois, je ne te dirai pas s’il s’agit d’un songe nocturne ou d’une erreur éveillée. Qu’il te suffise de savoir que, rêvée ou conçue, ton image m’est apparue dans un cadre extraordinaire. Illusion ; mais, sur toutes choses, je t’empêcherai, Chrysis, de me désillusionner. »

— Et moi, dans tout cela, que fais-tu de moi, moi qui t’aime encore malgré les horreurs que