Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/87

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pières sombres comme des violettes, et des joues blanches comme des lys. Nous y songerons ; venez avec moi. »

Elle les prit toutes deux plus haut que la ceinture, et refermant ses mains caressantes sur leurs petits seins presque nus, elle les emmena d’un pas pressé.

Rhodis, cependant, restait préoccupée.

« Et quand nous serons dans ton lit, reprit-elle, tu ne nous diras pas encore ce qui t’arrive, ce que tu attends ?

— Je vous dirai beaucoup de choses, tout ce qu’il vous plaira, mais cela, je le tairai.

— Même quand nous serons dans tes bras, toutes nues, et sans lumière ?

— N’insiste pas, Rhodis. Tu le sauras demain. Attends jusqu’à demain.

— Tu vas être très heureuse ? ou très puissante ?

— Très puissante. »

Rhodis ouvrit de grands yeux et s’écria :

« Tu couches avec la reine !

— Non, dit Chrysis en riant ; mais je serai aussi puissante qu’elle. As-tu besoin de moi ? Désires-tu quelque chose ?

— Oh ! oui ! »

Et l’enfant redevint songeuse.

« Eh bien, qu’est-ce que c’est ? interrogea Chrysis.