Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 4.djvu/86

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— Il n’y avait personne sur la jetée ?

— Personne.

— Pas un homme ? vous êtes sûres ?

— Oh ! très sûres. Pourquoi demandes-tu cela ? »

Chrysis ne répondit point. Rhodis reprit :

« Tu voulais voir quelqu’un ?

— Oui… peut-être… je crois qu’il vaut mieux que je ne l’aie pas vu. Tout est bien. J’avais tort de revenir, je n’ai pas pu m’en empêcher.

— Mais qu’est-ce qui se passe, Chrysis, nous le diras-tu ?

— Oh ! non.

— Même à nous ? même à nous, tes amies ?

— Vous le saurez plus tard, avec toute la ville.

— C’est aimable.

— Un peu avant, si vous y tenez ; mais ce matin, c’est impossible. Il se passe des choses extraordinaires, mes enfants. Je meurs d’envie de vous les dire ; mais il faut que je me taise. Vous alliez rentrer ? Venez coucher chez moi. Je suis toute seule.

— Oh ! Chrysé, Chrysidion, nous sommes si fatiguées ! Nous allions rentrer, en effet, mais c’est bien pour dormir.

— Eh bien ! vous dormirez ensuite. Aujourd’hui c’est la veille des Aphrodisies. Est-ce un jour où l’on se repose ? Si vous voulez que la déesse vous protège et vous rende heureuses l’an prochain, il faut arriver au temple avec des pau-