Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 5.djvu/119

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souvenez-vous plus ? Vous croyiez que je dormais, vous croyiez que je ne sentais rien. J’étais éveillée, Mateo, et j’ai compris que si je passais encore une nuit à vos côtés, je ne m’endormirais pas sans me livrer à vous par surprise. Et c’est pour cela que je me suis enfuie.


C’était insensé. Je haussai les épaules.

— Ainsi, voilà ce que tu me reproches, lui dis-je, quand je vois ici la vie que tu mènes et les hommes qui passent dans ton lit ?

Elle se leva, furieuse.

— Cela n’est pas vrai ! Je vous défends de dire cela, don Mateo ! Je vous jure sur la tombe de mon père que je suis vierge comme une enfant, — et aussi que je vous déteste, parce que vous en avez douté !

Je restai seul. Après quelques instants, je partis, moi aussi.