Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 5.djvu/160

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C’était la première fois que je frappais une femme. J’en restais aussi tremblant qu’elle, qui s’était rejetée en arrière, l’air hébété, claquant des dents.

« Toi… toi… Mateo… tu me fais cela… »

Et au milieu d’injures violentes, elle cria :

« Sois tranquille ! tu ne me toucheras pas deux fois ! »

Elle fouillait dans sa jarretière où tant de femmes cachent une petite arme, quand je lui broyai la main et jetai le couteau sur un dais qui touchait presque au plafond.

Puis je la fis tomber à genoux en tenant ses deux poignets dans ma seule main gauche.

— Concha, lui dis-je, tu n’entendras de moi ni insultes, ni reproches. Écoute bien : tu m’as fait souffrir au-delà de toute force humaine. Tu as inventé des tortures morales pour les essayer sur le seul homme qui t’ait passionnément aimée. Je te déclare ici que je vais te posséder par la force, et non pas une fois, m’entends-tu ? mais autant de fois qu’il me plaira de te saisir avant la nuit.

— Jamais ! jamais je ne serai à toi ! cria-t-elle. Tu me fais horreur : je te l’ai dit. Je te hais comme la mort ! Je te hais plus qu’elle ! Assassine-moi donc ! tu ne m’auras pas avant !

C’est alors que je commençai à la frapper en silence… J’étais vraiment devenu fou… je ne sais