Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 5.djvu/169

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— Va, c’est bien naturel. Il a la peau si douce, et il est tellement plus joli que toi !


Que voulez-vous ? je la frappai encore. Et brutalement, d’une main dure, de façon à me révolter moi-même. Elle cria, elle sanglota, elle se prosterna dans un coin, la tête sur les genoux, les mains tordues.

Et puis, dès qu’elle put parler, elle me dit, la voix pleine de larmes :

— Mon cœur, ce n’était pas vrai… Je suis allée aux toros… j’y ai passé la journée… mon billet est dans ma poche… prends-le… J’étais seule avec ton ami G… et sa femme. Ils m’ont parlé, ils pourront te le dire… J’ai vu tuer les six taureaux, et je n’ai pas quitté ma place et je suis revenue directement.

— Mais alors, pourquoi m’as-tu dit… ?

— Pour que tu me battes, Mateo. Quand je sens ta force, je t’aime, je t’aime ; tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse de pleurer à cause de toi. Viens, maintenant. Guéris-moi bien vite.

Et il en fut ainsi, Monsieur, jusqu’à la fin. Quand elle se fut convaincue que ses fausses confessions ne m’abusaient plus, et que j’avais toutes les raisons de croire à sa fidélité, elle inventa de nouveaux prétextes pour exciter en moi des colères quotidiennes. Et le soir, dans la circonstance où toutes les femmes répètent : « Tu m’aimeras