Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/123

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tion. Mais quoi ? tout cela se métamorphose. Insensiblement, l’aveu, lui aussi, devient une habitude agréable… S’il arrive que le péché ait des complices, s’il peut donner matière à la narration d’une aventure ; si une amie, un cousin, un danseur y est mêlé, alors ce sont des récits qui n’en finissent point, et plus nous répétons : « Ma chère enfant, pas de détails ! » plus on nous répond : « Mon père, il faut bien que je vous explique, sans cela vous ne comprendriez pas. ».

Nous nous regardâmes sans mot dire.

— Eh bien ! (et c’est là que je voulais en venir) certaines jeunes filles, nerveuses à l’excès, s’accusent sans aucune mesure. Elles nous en disent plus qu’il n’y en a. Peut-être inconsciemment elles regardent comme également réalisés les péchés qu’elles ont sur le cœur et ceux qu’elles ont dans la tête. Elles s’attribuent les vices qu’elles n’osent pas commettre. Elles nous présentent comme s’étant déroulée sur le canapé d’un petit salon une scène qui a véritablement commencé là, mais qui ne s’est terminée que dans leur cerveau… Voilà ce dont il faut avertir le confesseur débutant, sous peine de le voir juger avec trop de rigueur les coutumes du siècle. Parmi les histoires que l’on nous raconte, les plus vilaines sont « arrangées ». Encore une fois, le confessionnal n’est pas un lieu extra-terrestre : là, comme ailleurs, on se vante de tout, même du mal que l’on n’a pas fait.