Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/31

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s’est vu ! Il y a trois mille vierges au marché : on les écoule à vingt-cinq drachmes ; ne crois pas que je parle au hasard : vingt-deux, vingt-cinq, vingt-huit drachmes lorsqu’elles ont la peau très blanche. Ah ! Philippe est un grand roi !

Cet homme me dégoûtait. Je me séparai de lui, et je suivis la multitude jusqu’au delà des portes ouvertes, dans la vaste prairie en pente où les Olynthiens étaient parqués.

À grand’peine je me frayais un chemin entre les groupes en mouvement, et je ne savais plus dans quel sens diriger une marche si contrariée, lorsque je vis passer devant moi un cortège extravagant et majestueux devant lequel la foule s’écartait.


Six esclaves sarmates s’avançaient deux par deux, chacun portant une charge d’or et des coutelas à la ceinture. Derrière eux, un négrillon tenait horizontalement, comme une patère à libations, une longue crosse de cèdre rose serrée par un lacet d’or : la canne auguste du Maître. Enfin, gigantesque et pesant, couronné de fleurs, la barbe imprégnée de parfums, soutenu par les deux épaules aux cous de deux jolies filles, enveloppé dans une robe de pourpre dont la surface était énorme et repoussant les herbes avec ses larges pieds, je vis Parrhasios lui-même, semblable au Bakkhos indien, et ses yeux s’abaissèrent sur moi.

— Si tu n’es pas Bryaxis, me dit-il en fronçant