Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 7.djvu/51

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apparence extra-humaine. La sérénité de son visage était telle, que les traits n’y paraissaient plus : les rides mêmes s’étaient effacées, ainsi qu’il arrive aux cadavres des grands vieillards couchés dans la paix des morts.

Il ne me parla point. Il ne me regarda plus. La tige chaude entre les doigts, il portait les larmes de cire entre la boîte et le panneau droit, d’une main aussi sûre et aussi tranquille que s’il avait créé le monde avec des gouttes de couleur.

C’est alors que, suivant son œil fixé tour à tour sur son œuvre et sur un point de la vaste salle, j’aperçus, tumultueux et nu, écartelé des quatre membres à la croupe d’une roche véritable, Nicostrate qui tirait, couvert de tous ses muscles, sur quatre cordes retordues.

Longtemps, je restai immobile, retenant mon souffle, ne sachant plus ce que j’étais venu faire et dire. Mon cerveau nageait ; tout entier dans les merveilles de la vue. Mes autres sens ne me parlaient plus et j’avais moins de pensée qu’on n’en a en songe.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tout à coup, Parrhasios prononça un mot… Du moins, il me sembla l’entendre.

Et ce mot, c’était :

— Crie !

Et sa voix était calme comme son geste et son front.