Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/125

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« Belle amie, lui dit-il, donnez-moi la main. Je la serrerai entre les miennes et vous me conduirez où il vous plaira.

— Par le jardin ?

— Par la vie. »

Psyché, lentement, lui tendit la main et répondit d’une voix timide :

« Choisissez une allée où vous resterez tel que vous avez été jusqu’ici.

— Vous doutez encore de moi ?

— J’ai confiance en vous. C’est ce qui me fait trembler. Ma destinée est en votre pouvoir comme la main que je vous abandonne et que vous caressez, mais qu’on pourrait broyer. Si vous n’êtes pas maître de votre cœur…

— Psyché !…

— Non ! ne me répondez pas. Je ne vous ai rien dit. Ce sont des rêveries qui hantent ma pensée. Je suis tellement habituée à la tristesse, qu’à tous les tournants de la vie je crois trouver un horizon