Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pallanza, 1er  août 1899.

CHAPITRE I


Il baissa sur les crémaillères les deux lampes électriques mobiles qui éclairaient la grande glace de son cabinet de toilette et s’examina quelque temps, dessiné de bas en haut par la lumière, comme par une rampe de théâtre ou par un soleil couchant.

L’habilleur avait terminé son travail de falsification patiente.

Gabriel constata que son bonnet phrygien de couleur vert pâle était bien fixé dans ses cheveux blonds ; il élargit d’un nouveau pli sa ceinture lâche et tordue, toucha les manches crevées de son costume et les jambes arlequinesques de son pantalon asiatique ; enfin, il cambra ses pieds dans leurs bottines de peau molle et assura sur l’épaule droite les pattes ligottées de sa peau de chèvre qui contenait une pomme sauvage.

L’accomplissement de ce costume lui avait coûté mille soins. Quelle que fût l’incompétence des curieux qu’il devait rencontrer, il n’eût pas consenti à endosser un vêtement oriental et antique dont