Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/216

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l’authenticité fit matière à dispute. Une courte promenade au British et au Musée de Berlin compléta la documentation qu’il s’était faite à Naples l’été précédent. Parmi les peintures de vases, il écarta les italo-grecques pour n’étudier que les attiques dont la tradition était plus directe et plus sûre. Il négligea aussi comme trop peu couvert, le gracieux Berger d’airain qui orne la petite anse trouvée à Pompéi, et il finit par désigner à son tailleur particulier un Ida de la collection Hope dont les quatre personnages étaient vêtus avec naturel et avec exactitude. Dès qu’il s’occupa du choix de l’étoffe, ses recherches devinrent plus aisées ; les tissus dont se servaient les paysans troyens se font encore aujourd’hui en Asie Mineure selon les procédés antéhomériques. Gabriel se procura sans quitter Paris deux étoffes de Brousse d’une trame fine et serrée ; il vérifia leur teinture, s’assura qu’elle était composée avec le réséda et l’isotis comme il fallait qu’elle le fût, et il n’y eut plus qu’à tailler là dedans une veste ample, des manches à nœuds et un pantalon losangé pour obtenir le vêtement précis que devait porter le frère d’Hektor lorsque Aphrodite en rendit amoureuse la fille du Cygne et de Léda.

Même la pomme verte qui pesait dans la gibecière à longs poils était une véritable pomme de Phrygie prise dans un buisson rupestre et dont l’origine était prouvée.