Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/23

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Le ciel de cette claire matinée était pur comme les yeux de Psyché Vannetty. Pour la première fois depuis six mois ténébreux, l’immense nuée grise et pâle qui plane sur Paris pendant le triste hiver s’était évanouie en clarté.

L’air était plus léger, les visages plus heureux. Une atmosphère limpide rajeunissait les rues. Des femmes passaient, en camisoles roses. Des gamins sifflaient des chansons. Toutes les fenêtres étaient ouvertes et les terrasses peuplées de buveurs. Une brise grandissante fuyait le long des joues, une onde si diaphane et si vierge qu’elle semblait tomber du ciel.

Dès qu’ils franchirent la grille du Parc :

« Oh !… » dit Psyché en levant la main.

Elle détourna sa tête longue, et avec un long geste circulaire qui désignait toute la nature, elle murmura dans un sourire extasié :

« Le Printemps. »