Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 8.djvu/60

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Cœur tout blanc, avec ses coupoles de mosquée…

Pendant qu’Aimery lui parlait, elle regardait sans cesse le cachet d’une bague qu’il avait à la main gauche ; elle essayait de lire deux mots qui étaient gravés dans l’or… Il lui avait dit : « Vous êtes libre de vous. » Et à cet instant la bague surprise par le soleil était devenue éblouissante.

« Qu’y a-t-il ? »

On avait frappé. Psyché s’accouda sur le lit. La femme de chambre annonçait une visite, Mme de Jaulgonne, au petit salon, mais le déjeuner était servi. Madame voulait-elle recevoir Mme de Jaulgonne dans la salle à manger ?

« Non, je ne déjeunerai pas, dit Psyché. Faites entrer ici. »

Elle passa dans son cabinet de toilette, répara mollement sa coiffure, se poudra d’une main vague et indifférente…

« Bonjour, Lotte », dit-elle en rentrant.

Mme de Jaulgonne marcha vite à elle :

« Qu’est-ce qu’on me dit, Nichette ? tu ne déjeunes pas ? Tu es souffrante ?

— Ce n’est rien, chérie, j’ai mal aux nerfs.

— Tu as une mine affreuse, ma petite, regarde-toi. Qu’est-ce qu’on t’a fait ?

— Rien.

— Quelle plaisanterie ! Dis-moi la vérité ! Un malheur ? Une triste lettre ? des nouvelles de ton mari ?