Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/123

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Hier, manifestation ferryste à l’école. Sur les 21 élèves, 18 étaient pour Ferry, 2 pour Freycinet (Glatron et Brocchi) et 1 pour Sadi (Perriquet). Si Ferry avait pu avoir une pareille majorité à la Chambre !

Naville et moi conduisions le monôme.

Et le soir, quelle fièvre aux nouvelles !


10 décembre 87.

10 décembre !

Mon Dieu ! Je n’ai déjà plus seize ans ! Comme cela me vieillit. Et j’aurai passé les deux plus beaux âges de la vie, quinze ans, seize ans, comme tout le monde, dans une boîte, sur un Plutarque et sur une algèbre.

Oh ! pourquoi coffrer ainsi les enfants ? Pourquoi leur faire passer les plus beaux jours de leur existence loin de la nature, loin des forêts et loin du bonheur, loin des jeunes filles ?

— Pourquoi ne leur montrer que des choses ennuyeuses à eux qui sont altérés de poésie ? Pourquoi les empiffrer de Boileau, quand ils ne rêvent que du Musset ? Pourquoi ne nous parler que de Nestor et d’Anchise, à nous qu’un regard de jeune fille rend fous pour toute une journée ?

Ah ! vous serez bien avancés quand vous leur aurez appris les trois unités, et la loi de Mariotte, quand vous leur aurez alourdi la tête avec du