Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/179

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son corsage… Il fait si chaud, dans ce restaurant ! Elle l’ôte tout à fait, avec sa guimpe : elle sera moins gênée, les entournures sont trop ajustées… Et puis cette jupe est d’un lourd, et ces souliers d’un étroit ! Enfin elle garde son corset, son pantalon et ses bas noirs, et se met à table. Elle est encore très convenable, n’est-ce pas ?… Elle ne montre rien, en somme, que ses bras et le haut de sa poitrine… comme au bal… Si le pantalon est transparent…, si la fente du milieu n’est pas absolument bien cachée par la chemise, ce n’est pas sa faute. Elle ne l’a pas fait exprès. Elle tient à être décente pendant le souper… et elle a horreur de faire des bêtises tant que les lumières sont allumées[1]. Oh ! quand tout est soufflé… on peut faire tant de choses sans que personne y voie rien !…

Enfin, ils se sont mis à table, et les rires n’arrêtent pas. Elle n’en peut plus… Elle se renverse, éclatant de rire… Il est si drôle, aussi ! Elle ne se tient plus… Et puis, elle a déjà bu six flûtes ! Et quelle est la sainte Thérèse qui résisterait à six flûtes, en cabinet particulier ? Elle allonge les pieds sur les cuisses de l’autre, sous la table… On est bien mieux étendue…

Oh !… mais le corset commence à serrer… Les chauds-froids, on n’a pas d’idée de ce que c’est bourrant… et puis y a là une baleine qui entre…

  1. Je ne savais pas très bien comment les choses se passent.