Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/200

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Je trouve donc Polyeucte admirable, incomparablement plus beau que le Cid, que je mettais si au-dessus, ce matin encore ; et cela grâce à Sarcey, parce que ce que je prenais avant pour un rêve, de l’impossible, du surhumain, je vois maintenant que c’est vraisemblable, que c’est vécu, que cela aurait pu se passer, que cela s’est passé peut-être.

Les deux dernières scènes entre Polyeucte et Pauline sont peut-être ce qu’il y a de plus beau (IV, 3 ; V, 3). J’entends comme seconde celle où Félix assiste. Rien n’est plus émouvant ni plus élevé.

Les deux scènes entre Pauline et Sévère sont bien belles aussi. Quels beaux vers, quels grands sentiments, quelles belles situations !

Je met aujourd’hui Polyeucte au rang, et peut-être au-dessus des plus belles choses du théâtre, soit dit sans sacrilège pour Victor Hugo.

La pièce était bien jouée en somme et beaucoup mieux qu’on n’aurait pu l’attendre d’une si jeune troupe et d’une pièce montée pour une fois.

Antonia Laurent a fait des progrès énormes depuis l’année dernière. Je l’avais vue dans Psyché, où elle n’était que médiocre, mais, dans le rôle de Pauline, elle est tout à fait belle. Elle a eu des moments superbes, et un cri très bien poussé. Et puis elle joue tout le temps, même et surtout quand elle ne parle pas. C’est tout à fait une ac-