Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/213

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table de nuit ! Tout cela est vivant, vivant, vivant.

Et quel intérêt Zola a su mettre dans ces détails purement techniques et commerciaux, sur les trucs de Mouret pour la réclame !

Et ces types de petits commerçants ruinés ; cet intérieur du « Vieil Elbeuf », comme cela vous prend au cœur et comme cela vous touche autrement que les dissertations amoureuses de la Petite Fadette !

Et puis je me demande après l’avoir lu : « Est-ce bien du Zola ? Comment ! ce satyre, ce faune, cet être lubrique et obscène qui cause l’effroi des mamans et la terreur des séminaires ? Mais rien n’est plus moral que le Bonheur des Dames.

Comment ! voilà une fille, Denise, sans un sou, à qui Mouret offre une fortune ; qui a devant les yeux l’exemple de toutes ses camarades ; dont la meilleure amie la presse de céder, est renversée de voir qu’elle hésite et la conjure de se livrer ; et en dehors de ces tentations, de ces exemples, de ces conseils, cette fille qui adore Mouret, — et voilà une raison qui se passerait bien de toutes les autres, — eh bien ! son amant la tient, en secret, dans son cabinet, toute sa chair la pousse, tous ses désirs la pressent, et elle résiste, non pas une fois, mais dix fois, mais vingt fois… Mais c’est le prix Montyon qu’on devrait donner à l’auteur de ce roman-là !

Qu’on compare un peu les autres héroïnes ! La