Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/243

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Personne pour me consoler. Georges ne me prendrait pas au sérieux. Je voudrais être marié, avoir une femme qui me comprit, pour lui dire tout, tout !

Oh ! ne pouvoir se confier à personne !

Je suis lugubre, je vois tout en noir.

C’est bête, la vie.

Ah !


Même jour, 9 h. 1/2 soir.

J’achève à l’instant la dernière ligne de René. Trois lignes d’Amiel m’avaient donné une envie folle de le lire et de le lire tout de suite. Je n’avais pas le livre. J’ai écrit à Gide de me l’envoyer. Je le reçois à cinq heures et le voilà fini !

Eh bien… heu… heu…

D’abord, c’est trop vieilli, C’est insupportable ; pour goûter le fond, je suis obligé de traduire toutes les phrases. Chaque mot est devenu grotesque aujourd’hui. Il faut dire que je l’ai lu avec toute la piété possible et toutes les préventions, tous les partis pris en faveur du roman. Eh bien, ça ne fait rien. Ça ne me plaît pas.

Le caractère de René est intéressant pourtant, quoique à peine esquissé et bien flou. Il a bien des analogies avec le mien. Ceci, par exemple :

« Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence : je descendais dans la vallée (hum ! hum !), je m’élevais (hum ! hum !) sur la montagne, appelant de toute la force de mes