Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 9.djvu/92

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je donnerais toutes les femmes d’Homère pour l’admirable Éponine de Victor Hugo.

On parle des remords d’Oreste. Eschyle aurait-il fait « la Tempête sous un crâne » ? Aurait-il fait si beau ? Aurait-il fait si vrai ?

Qu’est-ce que la mort d’Achille à côté de celle de Gavroche ?

Et, plus près de nous, chez nous, en France, dans quel prétendu chef-d’œuvre trouve-t-on un prêtre comme Mgr Myriel ? Dans quel Atala ? Dans quel Jocelyn ?

Où trouve-t-on, dans le roman ou dans la réalité, un Ménélas, un « vieil Horace », un Montyon ou un saint Vincent de Paul qui aille à la cheville du demi-dieu Jean Valjean ?

Et pourtant cela est « vrai ». Cet homme pourrait avoir vécu. Ce n’est point un géant fabuleux, parent des Burgraves, il a existé. Tel est l’art inouï du plus grand des hommes.

Oh ! le chemin creux d’Ohain ! Oh ! le plateau de Mont-Saint-Jean ! Et le dernier bataillon de la garde luttant, Cambronne en tête, le soir de la bataille.

Et la barricade surtout ! Quelle épopée !

Je voudrais tout citer.

Voyons ! dans quel chef-d’œuvre de l’esprit humain trouve-t-on un dévouement maternel aussi beau que celui de Fantine ? La mort n’est rien à côté de ce qu’elle fait. Rien !