Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et folle. Elle posa son pied sur une borne :

« Mes fleurs me gênent entre les jambes. Défais-les, Myrto adorée. J’ai fini de danser pour cette nuit. »

La chanteuse eut un haut-le-corps.

« Oh ! c’est vrai. Je les avais oubliés déjà, ces hommes et ces filles. Ils vous ont fait danser toutes deux, toi dans cette robe de Côs qui est transparente comme l’eau, et ta sœur nue avec toi. Si je ne t’avais pas défendue, ils t’auraient prise comme une prostituée, comme ils ont pris ta sœur devant nous, dans la même chambre… Oh ! quelle abomination ! Entendais-tu ses cris et ses plaintes ! Comme l’amour de l’homme est douloureux ! »

Elle se mit à genoux près de Rhodis et détacha les deux guirlandes, puis les trois fleurs placées plus haut, en mettant un baiser à la place de chacune. Quand elle se releva, l’enfant la prit par le cou et défaillit sous sa bouche.

« Myrto, tu n’es pas jalouse de tous ces débauchés ? Que t’importe qu’ils m’aient vue ? Théano leur suffit, je la leur ai laissée. Ils ne m’auront pas, Myrto chérie. Ne sois pas jalouse d’eux.

— Jalouse !… Je suis jalouse de tout ce