Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/124

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objets de l’amour et des douze heures de la nuit.


L’entrée n’était pas tournée vers l’Orient, mais dans la direction de Paphos, c’est-à-dire vers le nord-ouest ; jamais les rayons du soleil ne pénétraient directement dans le sanctuaire de la grande Immortelle nocturne. Quatre-vingt-six colonnes soutenaient l’architrave ; elles étaient teintes de pourpre jusqu’à mi-taille, et toute la partie supérieure se dégageait de ces vêtements rouges avec une blancheur ineffable, comme des torses de femmes debout.

Entre l’épistyle et la corônis, le long zoophore en ceinture déroulait son ornementation bestiale, érotique et fabuleuse : on y voyait des centauresses montées par des étalons, des chèvres bouquinées par des satyres maigres, des vierges saillies par des taureaux monstres, des naïades couvertes par des cerfs, des bacchantes aimées par des tigres, des lionnes saisies par des griffons. La grande multitude des êtres se ruait ainsi, soulevée par l’irrésistible passion divine. Le mâle se tendait, la femelle s’ouvrait, et dans la fusion des sources