Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/199

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Les deux femmes s’embrassèrent et se répandirent en exclamations sur l’heureux hasard qui les réunissait.

« J’avais peur d’être en retard, dit Séso. Ce pauvre Archytas m’a retenue…

— Comment, lui encore ?

— C’est toujours la même chose. Quand je vais dîner en ville, il se figure que tout le monde va me passer sur le corps. Alors il veut se venger d’avance, et cela dure ! ah ! ma chère ! S’il me connaissait mieux ! Je n’ai guère envie de les tromper, mes amants. J’ai bien assez d’eux.

— Et l’enfant ? cela ne se voit pas, tu sais.

— Je l’espère bien ! j’en suis au troisième mois. Il pousse, le petit misérable. Mais il ne me gêne pas encore. Dans six semaines je me mettrai à danser ; j’espère que cela lui sera très indigeste et qu’il s’en ira bien vite.

— Tu as raison, dit Chrysis. Ne te fais pas déformer la taille. J’ai vu hier Philémation, notre petite amie d’autrefois, qui vit depuis trois ans à Boubaste avec un marchand de grains. Sais-tu ce qu’elle m’a dit ? la première chose ? « Ah ! si tu voyais mes seins ! » et elle avait les larmes aux yeux. Je lui ai dit