Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/224

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confie ne servent pas à compenser vos inappréciables tendresses, mais à payer au juste prix le luxe multiple et charmant dont, par une suprême complaisance, vous consentez à prendre soin, et où vous endormez chaque soir nos exigeantes voluptés. Comme vous êtes innombrables, nous trouvons toujours parmi vous et le rêve de notre vie et le caprice de notre soirée, toutes les femmes au jour le jour, des cheveux de toutes les nuances, des prunelles de toutes les teintes, des lèvres de toutes les saveurs. Il n’y a pas d’amour sous le ciel, ni si pur que vous ne sachiez feindre, ni si rebutant que vous n’osiez proposer. Vous êtes douces aux disgracieux, consolatrices aux affligés, hospitalières à tous, et belles, et belles ! C’est pourquoi je vous le dis, Chrysis, Bacchis, Séso, Faustine, c’est une juste loi des dieux qui décerne aux courtisanes l’éternel désir des amants, et l’éternelle envie des épouses vertueuses. »


Les danseuses ne dansaient plus.

Une jeune acrobate venait d’entrer, qui jonglait avec des poignards et marchait sur les mains entre des lames dressées.