Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/280

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« Est-ce que je sais !

— Tu as passé la nuit là-bas. Tu dois savoir. Ce n’est pas possible. Qui est entré chez elle ? On te l’a dit sans doute. Rappelle-toi, Théano.

— Est-ce que je sais ?… Ils étaient plus de vingt dans la salle… Ils m’avaient louée comme joueuse de flûte, mais ils m’ont empêchée de jouer parce qu’ils n’aiment pas la musique. Ils m’ont demandé de mimer la figure de Danaë et ils jetaient des pièces d’or sur moi, et Bacchis me les prenait toutes… Et quoi encore ? C’étaient des fous. Ils m’ont fait boire la tête en bas dans un cratère beaucoup trop plein où ils avaient versé sept coupes parce qu’il y avait sept vins sur la table. J’avais la figure toute mouillée. Même mes cheveux trempaient, et mes roses.

— Oui, interrompit Myrto, tu es une fort vilaine fille. Mais le miroir ? Qui est-ce qui l’a pris ?

— Justement ! quand on m’a remise sur mes pieds j’avais le sang à la tête et du vin jusqu’aux oreilles. Ha ! ha ! ils se sont tous mis à rire… Bacchis a envoyé chercher le miroir… Ha ! ha ! il n’y était plus. Quelqu’un l’avait pris.