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Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/319

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œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas[1]. »


Elle eut un frémissement, et se répéta à voix basse :

« Car il n’y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse dans le séjour des morts où tu vas.

La lumière est douce. Ah ! qu’il est agréable de voir le soleil[2].

Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton cœur à la joie, marche dans les voies de ton cœur et selon les visions de tes yeux, avant que tu ne t’en ailles vers ta demeure éternelle et que les pleureurs parcourent la rue ; avant que la corde d’argent se rompe, que la lampe d’or se brise, que la cruche casse sur la fontaine, et que la roue casse au puits, avant que la poussière retourne à la terre, d’où elle a été tirée[3]. »


Avec un nouveau frisson elle se redit plus lentement :

« … Avant que la poussière retourne à la terre, d’où elle a été tirée. »

  1. Ecclésiaste, IX, 7, 10.
  2. Id. XI, 7.
  3. Id. XII, 1-8-9.