Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/325

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À peine était-elle achevée, qu’on frappa doucement à la porte.

Démétrios ouvrit sans hâte. Le vieil exécuteur entra, suivi de deux hoplites casqués.

« J’apporte la petite coupe, » dit-il avec un sourire obséquieux à l’adresse de l’amant royal.

Démétrios garda le silence.


Chrysis égarée leva la tête.


« Allons, ma fille, reprit le geôlier. C’est le moment. La ciguë est toute broyée. Il n’y a plus vraiment qu’à la prendre. N’aie pas peur. On ne souffre point. »


Chrysis regarda Démétrios, qui ne détourna pas les yeux.

Ne cessant plus de fixer sur lui ses larges prunelles noires entourées de lumière verte, Chrysis tendit la main à droite, prit la coupe, et lentement la porta à sa bouche.

Elle y trempa les lèvres. L’amertume du poison et aussi les douleurs de l’empoisonnement avaient été tempérées par un narcotique miellé.