Page:Louÿs - Aphrodite. Mœurs antiques, 1896.djvu/347

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Ici Rhodis, qui chancelait déjà depuis quelques instants, soupira :

« Je ne peux plus, Myrto, je ne peux plus. Je tomberais sur les genoux. Je suis brisée de fatigue et de chagrin. »

Myrtocleia la prit par le cou :

« Essaye encore, mon chéri. Il faut la porter. Il s’agit de sa vie souterraine. Si elle n’a pas de sépulture et pas d’obole dans la main elle restera éternellement errante au bord du fleuve des enfers, et quand, à notre tour, Rhodis, nous descendrons chez les morts, elle nous reprochera notre impiété, et nous ne saurons que lui répondre. »

Mais l’enfant, dans une faiblesse, fondit en larmes sur son bras.

« Vite, vite, reprit Myrtocleia, voici qu’on vient du bout de la rue. Mets-toi devant le corps avec moi. Cachons-le derrière nos tuniques. Si on le voit, tout sera perdu… »

Elle s’interrompit.

« C’est Timon. Je le reconnais. Timon avec quatre femmes… Ah ! Dieux ! que va-t-il arriver ? Lui qui rit de tout il nous plaisantera… Mais non, reste ici, Rhodis, je vais lui parler. »

Et, prise d’une idée soudaine, elle cou-