Page:Louÿs - Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, 1927.djvu/41

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— Dis tout.

— Quand les grandes ont leurs règles, c’est encore meilleur. On ne sait pas ce qu’on avale, mais on n’a plus soif.

— Allons, la dernière confession ! Vas y ! Décide-toi.

Puella mit en riant ses deux mains sur les épaules de sa sœur et à travers son rire, elle répondit tout haut :

« Tu y tiens ? il faut que je raconte que tu m’as pissé sur la bouche ? Eh bien ! je ne le dirai pas ! »

Cette façon de ne pas le dire fut bien accueillie et racheta les ombres de la confession.



Gaie, Prima lui baisa les lèvres et continua :

« On ne dira pas non plus que tu t’es dépucelée de tes propres mains, comme Tertia ?

— Non. Pas la peine de le dire. Çà se voit.

— Ni que tu es pucelle quand même ?

— Oh ! si ! Disons-le vite ! Çà ne se voit pas du tout !

— Cette petite est charmante ! fit joyeusement le roi. Je ne connaissais pas mes filles. On pardonnerait à celle-ci plus qu’elle ne vient d’avouer. »

Du même ton enjoué, Prima dit à l’enfant :

« Tu avoueras le reste plus tard. Pourquoi ris-tu ?

— Parce que je ne te croyais pas si vicieuse.

— Moi ?

— Où mets-tu ta langue ?

— Dans ta bouche.