Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/103

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— Oui. Quand il ne pleut pas, quand je n’ai pas sommeil, quand cela m’ennuie d’aller me promener. On entre ici comme on veut ; demandez-le à mes voisines ; mais il faut être là à midi, ou alors on n’est pas reçue.

— Pas plus tard ?

— Ne plaisantez pas. Midi, ¡Dios mio! comme c’est matin déjà ! J’en connais qui n’arrivent pas deux jours sur quatre à se lever d’assez bonne heure pour trouver la grille ouverte. Et vous savez, pour ce qu’on gagne, on ferait mieux de rester chez soi.

— Combien gagne-t-on ?

— Soixante-quinze centimes pour mille cigares ou mille paquets de cigarettes. Moi, comme je travaille bien, j’ai une piécette : mais ce n’est pas encore le Pérou… Donnez-moi aussi une piécette, caballero, et je vous chanterai une séguedille que vous ne connaissez pas. »

Je jetai dans sa botte un napoléon et je la quittai en lui tirant l’oreille.