Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/121

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…Je sortis une heure après, très nerveux, très agacé, et doutant à part moi si je reviendrais jamais.

Hélas ! je revins ; non pas une fois, mais trente. J’étais amoureux comme un jeune homme. Vous avez connu ces folies. Que dis-je ! vous les éprouvez à l’heure même où je vous parle, et vous me comprenez. Chaque fois que je quittais sa chambre, je me disais :

« Vingt-deux heures, ou vingt heures jusqu’à demain », et ces douze cents minutes ne finissaient pas de couler.

Peu à peu, j’en vins à passer la journée entière en famille. Je subvenais aux dépenses et même aux dettes, qui devaient être considérables, si j’en juge par ce qu’elles me coûtèrent. Ceci était plutôt une recommandation et d’ailleurs aucun bruit ne courait dans le quartier. Je me persuadai facilement que j’étais le premier ami de ces pauvres femmes solitaires.

Sans doute, je n’avais pas eu grand-peine à devenir leur familier ; mais un homme s’étonne-t-il jamais des facilités qu’il obtient ? Un