Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/64

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— Je l’ai rencontrée hier pour la première fois ; je ne l’ai même pas entendue parler.

— Alors, il est encore temps !

— C’est une fille ?

— Non, non. Elle est même, en somme, honnête femme. Elle n’a pas eu plus de quatre ou cinq amants. À l’époque où nous vivons, c’est une chasteté.

— Et…

— En outre, croyez bien qu’elle est remarquablement intelligente. Remarquablement. À la fois par son esprit, qui est des plus fins, et par sa connaissance de la vie, je la juge supérieure. Je ne lui ferai grâce d’aucun éloge. Elle danse avec une éloquence qui est irrésistible. Elle parle comme elle danse et elle chante comme elle parle. Qu’elle ait un joli visage, je suppose que vous n’en doutez pas ; et si vous voyiez ce qu’elle cache, vous diriez que même sa bouche… Mais il suffit. Ai-je tout dit ? »

André, agacé, ne répondit pas.

Don Mateo lui saisit les deux manches de son