Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/162

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Je baiserai d’un bout à l’autre les longues ailes noires de ta nuque, ô doux oiseau, colombe prise dont le cœur bondit sous ma main.

Je prendrai ta bouche dans ma bouche comme un enfant prend le sein de sa mère. Frissonne !… car le baiser pénètre profondément et suffirait à l’amour.

Je promènerai mes lèvres comme du feu, sur tes bras, autour de ton cou, et je ferai tourner sur tes côtes chatouilleuses la caresse étirante des ongles.

Écoute bruire en ton oreille toute la rumeur de la mer… Mnasidika ! ton regard m’importune. J’enfermerai dans mon baiser tes paupières frêles et brûlantes.