Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/23

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Quand elle sentit que rien ne la retenait plus à Mytilène, sinon des souvenirs douloureux, Bilitis fit un second voyage : elle se rendit à Chypre, île grecque et phénicienne comme la Pamphylie elle-même et qui dut lui rappeler souvent l’aspect de son pays natal.

Ce fut là que Bilitis recommença pour la troisième fois sa vie, et d’une façon qu’il me sera plus difficile de faire admettre si l’on n’a pas encore compris à quel point l’amour était chose sainte chez les peuples antiques. Les courtisanes d’Amathonte n’étaient pas comme les nôtres, des créatures en déchéance exilées de toute société mondaine ; c’étaient des filles issues des meilleures familles de la cité, et qui remerciaient Aphrodite de la beauté qu’elle leur avait donnée, en consacrant au service de son culte cette beauté reconnaissante. Toutes les villes qui possédaient comme