Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/230

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Je suis allée avec Plango chez les courtisanes égyptiennes, tout en haut de la vieille ville. Elles ont des amphores de terre, des plateaux de cuivre et des nattes jaunes où elles s’accroupissent sans effort.

Leurs chambres sont silencieuses, sans angles et sans encoignures, tant les couches successives de chaux bleue ont émoussé les chapiteaux et arrondi le pied des murs.

Elles se tiennent immobiles, les mains posées sur les genoux. Quand elles offrent la bouillie elles murmurent : « Bonheur. » Et quand on les remercie, elles disent : « Grâce à toi. »

Elles comprennent le hellène et feignent de le parler mal pour se rire de nous dans leur langue ; mais nous, dent pour dent, nous parlons lydien et elles s’inquiètent tout à coup.