Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/252

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Les processionnaires m’ont portée en triomphe, moi, Bilitis, toute nue sur un char en coquille où des esclaves, pendant la nuit, avaient effeuillé dix mille roses.

J’étais couchée, les mains sous la nuque, mes pieds seuls étaient vêtus d’or, et mon corps s’allongeait mollement, sur le lit de mes cheveux tièdes mêlés aux pétales frais.

Douze enfants, les épaules ailées, me servaient comme une déesse ; les uns tenaient un parasol, les autres me mouillaient de parfums, ou brûlaient de l’encens à la proue.

Et autour de moi j’entendais bruire la rumeur ardente de la foule, tandis que l’haleine des désirs flottait sur ma nudité, dans les brumes bleues des aromates.