Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/28

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comblé de terre, au fond duquel il rencontra une porte murée qu’il fallut démolir. Le caveau spacieux et bas, pavé de dalles de calcaire, avait quatre murs recouverts par des plaques d’amphibolite noire, où étaient gravées en capitales primitives toutes les chansons qu’on va lire, à part les trois épitaphes qui décoraient le sarcophage.

C’était là que reposait l’amie de Mnasidika, dans un grand cercueil de terre cuite, sous un couvercle modelé par un statuaire délicat qui avait figuré dans l’argile le visage de la morte : les cheveux étaient peints en noir, les yeux à demi fermés et prolongés au crayon comme si elle eût été vivante, et la joue à peine attendrie par un sourire léger qui naissait des lignes de la bouche. Rien ne dira jamais ce qu’étaient ces lèvres, à la fois nettes et rebordées, molles et fines, unies l’une à l’autre, et comme enivrées de se joindre. Les traits