Page:Louÿs - Les Chansons de Bilitis, 1898.djvu/310

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Il dort. Je ne le connais pas. Il me fait horreur. Pourtant sa bourse est pleine d’or et il a donné à l’esclave quatre drachmes en entrant. J’espère une mine pour moi-même.

Mais j’ai dit à la Phrygienne d’entrer au lit à ma place. Il était ivre et l’a prise pour moi. Je serais plutôt morte dans les supplices que de m’allonger près de cet homme.

Hélas ! je songe aux prairies de Tauros… J’ai été une petite vierge… Alors, j’avais la poitrine légère, et j’étais si folle d’envie amoureuse que je haïssais mes sœurs mariées.

Que ne faisais-je pas pour obtenir ce que j’ai refusé cette nuit ! Aujourd’hui mes mamelles se plient, et dans mon cœur trop usé, Erôs s’endort de lassitude.