Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/121

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Demain ? Mais nous partons à l’aube.

Line devint encore plus pâle et peu à peu se mit à pleurer.

— C’est vrai ?… C’est vrai, vous partez ? Et quand reviendrez-vous ?

— Jamais…

— Mais je n’ai que vous à aimer ; ne le savez-vous pas ? Hier au théâtre j’ai bien compris qu’il y avait quelque chose entre vous et moi et qu’il fallait nous réunir et que vous seriez mon amie. Je vous appelle, je vous attends, nous mêlons nos bouches, et puis c’est fini pour toujours ? Si vous vous en allez, je m’en vais avec vous.

L’étreinte de Mirabelle se dénoua.

— Eh bien, partons ! Je vous emmène.

— Vraiment ? Vous voulez bien ?

— Venez.

— Avec vous seule ?

— Oui. Je quitterai mes camarades. Nous serons l’une à l’autre, et seules toujours.

— Oh !… Et pour où partons-nous ?

— Pour mon pays.

— Non ! Non ! Restons à Tryphême.

— Ce n’est pas possible. Demain vous seriez découverte.

— Comment ?