Mirabelle ne parlait point. Son trouble et son désir, à peine suspendus, renaissaient. Elle connut qu’elle était éprise.
Dès lors elle ne songea plus qu’aux moyens de l’être avec succès. Assurément, quelques heures lui appartenaient encore, mais c’eût été les perdre que de les employer selon ses tentations présentes. Une idée romanesque lui traversa l’esprit ; elle l’examina en silence, la trouva réalisable et avant de l’exprimer voulut la suggérer, tant elle avait d’artifice.
— Adieu, dit-elle soudain. Je ne vous reverrai plus.
La blanche Aline devint toute pâle.
— Oh ! pas encore… supplia-t-elle.
— Il le faut.
— Mais je ne vous ai pas vue, je ne vous ai rien dit… Vous venez, et puis tout de suite vous voulez partir… Je vous ennuie peut-être ; vous ne comprenez pas pourquoi je vous ai appelée ? Moi-même je ne le sais qu’à peine, mais je suis bien heureuse quand je vous prends la main.
Mirabelle la serra dans ses bras.
— Restez là, je vous en prie, continua la jeune fille. Restez, ou alors revenez demain à la même heure… Je vous attendrai…