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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/159

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Et, tandis que le Roi Pausole demandait bonnement au fermier ses prévisions sur la récolte et les cours du marché aux grains, le page s’approcha de la laitière qui le considérait d’ailleurs avec le plus gentil sourire.

— Tu sais traire les vaches, lui dit-il.

— Je ne sais même que cela, répondit la jeune fille.

Le timbre de sa voix était vif et chaud.

— Eh bien ! fit Gilles, conduis-moi. Nous allons emplir un bol de lait pour Sa Majesté qui a soif et un pour moi qui l’imite par esprit de courtisanerie.

Elle courut en avant, les seins dans les mains.

Il la rejoignit dans une étable reluisante qui semblait une écurie de cirque.

— Comment t’appelles-tu ?

— Thierrette, seigneur.

— Thierrette, tu as les seins dorés comme deux mottes de beurre frais. Porte au Roi le lait que tu voudras ; mes lèvres ne veulent que du tien.

— Je n’en ai pas, dit la brune en riant, et je ne fais rien pour qu’il m’en vienne.

— Tu n’en as pas ? Je saurai si c’est vrai.

— Essayez.

Il en fit l’épreuve, à droite et à gauche, avec une