Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/172

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encore moins capable de déambuler avec la paire.

Très calme, et toujours résolu aux expédients décisifs, il pencha le bec de fer-blanc du côté de la porte ouverte, et sur le carrelage bleu sombre il répandit une voie lactée.

Il vida de la même manière le seau qui se trouva le plus voisin, puis adapta les couvercles en ayant soin de laisser la mousse blanchir le bord et couler en bave sur les flancs. Ensuite il souleva les cylindres vides avec l’aisance d’un acrobate.

— Pour ce que je veux en faire, dit-il, la couronne de mousse suffit bien.


Impudemment il s’en alla jusqu’à la fenêtre sans rideaux par laquelle il avait surpris le sommeil du Roi Pausole. Le Roi continuait de dormir, le nez un peu plus bas et la barbe en volute.

Il faisait nuit. Dans le Midi, quoi qu’en dise Voltaire, les jours d’été sont moins longs que derrière les arbres d’Auteuil. Il n’était pas encore huit heures quand Giglio en paysanne et portant ses seaux à la main passa entre les quarante gardes qui dressaient toujours sous le porche leurs tulipes un peu flétries.

Au moment où il atteignait la route, Taxis poussiéreux et rogue le croisa.