Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/193

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Il fit deux gestes à part lui.

L’un disait :

— Voilà qui est clair.

Et le second :

— C’est assez gentil.

Puis, tandis que Mirabelle, à force de soins et de caresses, ranimait sa petite complice dont la pâleur était navrante, Giglio, dans le cabinet fermé, quitta la jupe et le fichu, ainsi que le foulard et le chapeau de paille. Il se coiffa, campa sa toque, brossa longuement son pourpoint bleu, tira les jambes du maillot jaune, mit en ordre son petit pont et se lava les mains à l’eau tiède.

Désormais présentable, il sortit et salua.


Line poussa un nouveau cri d’angoisse :

— Ah ! mon Dieu ! un page de papa !

Mirabelle s’était levée, un éclair dans l’œil. Visiblement elle se retenait de lancer à l’intrus tout le carquois d’injures (elle aurait même dit « pelletée ») que la langue somptueuse des coulisses fournit sans peine aux danseuses pendant les instants de bataille.

Mais elle se retenait très bien, car au lieu d’éclater elle saisit d’une main tressaillante Giguelillot par le poignet, et, l’attirant de force dans le cabi-