Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/209

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sortie, des semaines de congé, des mois de vacances, au lieu qu’ici nous passons toute notre vie à pleurer en retenue sans avoir rien fait !

— C’est injuste elle a raison.

— Eh bien, ça ne peut pas durer. Quand l’une de nous demande par hasard vingt-quatre heures de liberté, on lui offre toujours le même choix : la répudiation ou la chaîne. Mettons-nous en grève et nous verrons bien si le Roi répudie trois cent soixante-six femmes comme nous !

D’une seule acclamation, la grève fut votée ; mais Fannette n’avait pas fini. Toujours droite sur la Reine Alberte qui prenait sa part des bravos, elle reprit avec un beau geste :

— Perchuque, voulez-vous nous laisser passer ?

— Je ne puis pas… je ne puis pas… répéta la vieille dame, hérissée d’appréhensions.

— Alors nous allons passer de force, mais vous aurez d’abord une punition sévère, vieille cigogne que vous êtes ! Nous allons vous suspendre par une patte à la statue du bassin, les jupes retournées sur la face pour cacher votre confusion, et nous nous emparerons de votre pantalon blanc comme étendard de la révolte !

Mme Perchuque fut héroïque.

— Victime de mon devoir ? Soit ! dit-elle. Me