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nette, que ses compagnes traitaient comme une petite sœur et que le Roi ne voulait point connaître à l’âge où elle-même l’eût permis.

Juchée à cheval sur la nuque tiède de sa grande amie Alberte et croisant ses deux flûtes sur des seins qu’elle enviait, elle dressait en l’air sa main droite qui claquait d’un doigt contre l’autre.

— La parole ! Je demande la parole !

— La parole est à Fannette ! acquiesça l’assemblée.

On l’entoura.

— Mes amies, cria-t-elle, on nous traite comme des enfants…

— C’est honteux !

— Quand on nous a prises, pauvres innocentes, dans nos internats de jeunes filles, nous avons cru qu’on nous délivrait ; mais nous n’avons fait que changer de bagne.

— C’est vrai !

— Prison pour prison, j’aime mieux la première. Là-bas, on nous donnait des devoirs, je sais bien ; mais comme nous ne les faisions pas… ça n’en était que plus agréable. Là-bas on nous défendait de jouer au mari dans les dortoirs… mais nous le faisions quand même…

— Oui ! Oui ! c’était plus gentil.

— Là-bas, surtout, nous avions des jours de